Entre le cerveau et l'intestin, qui est le maître à bord ?

05/07/2023
Céline ANDRE, sophrologue, je vous accompagne vers cette reconnexion
Céline ANDRE, sophrologue, je vous accompagne vers cette reconnexion

L'intestin, le second cerveau

J'ai eu le plaisir de participer à une table ronde sur ce sujet passionnant il y a quelques mois et nous avons échangé sur ce sujet en abordant l'aspect nutrition neurobiologique et psychologique avec des intervenants spécialistes de ces sujets :

« Alimentation : entre le cerveau et l'intestin, qui est le maître à bord ? »

On entend régulièrement que l'intestin est le 2ème cerveau, mais qu'est ce que cela signifie réellement ?  Quelles relations entretiennent les Français avec leur intestin ? Quelle place peut avoir la pleine conscience dans la régulation de notre bien-être digestif et émotionnel?Toutes ces questions ont été abordés pendant cet échange.


Des études réalisées par Opinionway pour établir les relations qu'entretiennent les Français avec leurs intestins ont démontrés que la notion de 2ème cerveau est finalement assez peu connue même s'ils en ont déjà entendu parler. ils ne savent pas concrètement à quoi cela correspond ni la raison pour laquelle on l'appelle ainsi.

Cependant, le lien entre alimentation et confort digestif est bien intégré par les Français : ce que je mange impacte la façon dont mon ventre va réagir.

Le lien entre le confort digestif et le psychisme est quant à lui plutôt clair sur le papier mais pas forcément maîtrisé lorsque l'on rentre dans le détail. Enfin, le lien entre alimentation et psychisme n'est vraiment pas évident pour une grande partie des Français.


Comment s'occuper de notre second cerveau. vu sous l'angle de la nutrition


L'éclairage d'Isabelle Descamps, diététicienne-nutritionniste, tente d'apporter une réponse aux 1/3 des Français qui estiment ne pas bien s'occuper de leur 2ème cerveau, et notamment à ceux qui estiment manquer d'informations sur comment en prendre soin en évoquant déjà le rôle primordial de cet organe de part sa fonction nourricière et protectrice. En effet de ces multiples rôles : absorption, de barrière, destruction de l'identité antigénique de l'aliment, L'intestin est au cœur de notre santé .

Il est important diversifier son assiette avec toutes les familles d'aliments, mais aussi consommer des aliments bruts non transformés qui ont gardé leur matrice nutritionnelle. » et plus on mange varié, plus le microbiote sera varié. Une étude a montré que manger 25 fruits et légumes différents chaque semaine pendant 6 semaines augmente la variété du microbiote de 30%.

Nous avons donc besoin de fibres et de protéines animales et Les végétaux sont essentiels pour leur apport en fibres afin de nourrir notre microbiote en prébiotique notamment.

La mastication, est également essentielle pour la bonne santé de notre intestin


Pourquoi dit-on que notre intestin est notre 2ème cerveau ? vu sous l'angle neurosciences.


L'étude à bien démontré que les Français n'ont pas une idée très précise de ce qu'est leur deuxième cerveau. Ils sont 40% à ne pas savoir répondre à la question « pourquoi dit-on que notre intestin est notre 2ème cerveau ? ».

D'après Gilles Mithieux , neurobiologiste ce que l'on appelle 2ème cerveau pourrait très bien s'appeler 1ercerveau ! C'est pour dire l'importance qu'il accorde à notre intestin.

Dans l'évolution donc, le 1er cerveau qui est apparu est bel est bien le système de nerfs autour de l'intestin et pour ce qui concerne l'Homme, l'intestin a lui aussi un système nerveux, nommé le système nerveux entérique. Il comporte environ 1 milliard de neurones (sur 10 milliards au total), soit 10% des neurones du corps. Ces 2 cerveaux communiquent sans arrêt. 80% des neurones de l'intestin sont afférents c'est-à-dire qu'ils envoient des informations au cerveau et 20% sont efférents c'est-à-dire qu'ils reçoivent des informations du cerveau.

  • Des modes de communication perpétuels entre intestin et cerveau :

Le système hormonal est très important pour l'intestin : Au fur et à mesure que les aliments vont arriver dans l'intestin, des hormones vont être sécrétées dans le sang pour communiquer au cerveau différents signaux. Par exemple, lorsque que le système digestif est vide, la ghréline, une hormone coupe-faim est secrétée. Lorsque l'on mange, l'organisme arrête de sécréter cette hormone et la remplace par d'autres hormones comme la leptine produite par l'estomac pour arrêter la sensation de faim.

Également, les neurones de l'intestin et certaines bactéries du microbiote vont libérer des neurotransmetteurs ou messagers chimiques fabriqués aussi dans le cerveau tels que la dopamine qui nous donne l'entrain et l'envie. De plus, 90% de notre sérotonine est sécrétée par l'intestin et nous apporte de la sérénité utile pour bien dormir en se transformant en mélatonine.

-> Il y a donc un lien entre le fonctionnement physiologique de l'intestin et les aspects psychologiques

En effet, certains individus très stressés vont manger ce qui leur tombe sous la main, avec souvent des aliments riches en énergie. Et à l'inverse, des individus stressés qui vont avoir tendance à stopper leur alimentation.

Le stress, émotion gérée par quel(s) cerveaux(x) ? notre intestin vu sous l'angle sophrologique.

Pour en parler, Celine André, Sophrologue, nous partage ses expériences de consultations en cabinet.

  • Les gens ne font pas le lien entre les maux et la tête

« Effectivement les Français sont stressés. Or, ils ne font pas le lien entre l'état de stress et les manifestations de leur corps, et notamment le lien avec leur système intestinal. Alors que tout ce qui ne s'exprime pas s'imprime dans le corps. Certaines expressions parlent d'ailleurs d'elles-mêmes : « avoir la boule au ventre" ou « ne pas digérer telle ou telle situation », introduit Céline André.

Jusqu'ici nous avons parlé du nerf vague dans le rôle de lien qu'il joue entre notre ventre, notre intestin (le 2ème cerveau) et notre « 1er » cerveau.

La sophrologie, par la pratique, agit sur le système nerveux autonome (dont fait partie le nerf vague). La respiration inconsciente mais aussi consciente va permettre d'agir sur le nerf vague et ainsi ralentir le rythme cardiaque, relâcher les tensions et améliorer la digestion. Tout le corps se met en action pour ce qui est important à un instant T.

« La respiration est un outil fabuleux et magique. En la régulant, on peut ainsi activer le calme intérieur et poser le corps. Je travaille énormément sur le nerf vague lorsqu'il est déséquilibré. En plus d'une alimentation vraie, je propose de pratiquer la cohérence cardiaque, médiation, et bien d'autres techniques complémentaires », conseille Céline André.

Isabelle Descamps est aussi de cet avis : « Le travail de respiration comme la cohérence cardiaque a une réelle influence sur l'alimentation et permet par exemple de baisser la glycémie post-repas ».

  • Le cerveau va guider le rapport à l'alimentation

« Le lien entre le cerveau et l'alimentation est évident. On parle souvent d'alimentation émotionnelle : « on mange nos émotions ». C'est en rapport avec ce que l'on vit, comme une colère qui va s'imprégner dans le corps et que l'on va compenser avec une alimentation refuge. Il y a aussi l'impact des traumatismes. Et tout le système des croyances, nous entendons souvent « s'ils ne se resservent pas c'est que ce n'est pas bon, ou qu'ils ne sont pas bons vivants » ou encore « fini ton assiette ! »

Moralité, nous vivons dans une société où le repas est un pilier de la culture : ne pas se resservir peut être perçu comme un manque de politesse qui vient biaiser le rapport à l'alimentation et l'écoute du fonctionnement interne de son corps. », décrit Céline André.

  • Une reconnexion à soi et aux sensations

L'étude l'a souligné, 71 % des Français mangent en faisant une autre activité.

Dans ce contexte, la sophrologie va permettre de revenir dans une conscience de son corps. C'est-à-dire à une reconnexion aux sensations du métabolisme (comme la faim, la satiété) et aussi à une reconnexion à ses différents besoins : ai-je vraiment faim, suis-je plutôt fatigué(e), etc.

Les trois experts s'accordent sur le rôle primordial de la pleine conscience. Il est essentiel d'être en conscience de ce que l'on fait, d'être à l'écoute de ses vrais besoins et sensations, notamment lorsque l'on parle d'alimentation.

En effet, selon Céline André : « Manger en conscience permet de retrouver des sensations (on prend le temps de déguster l'aliment, percevoir le contact dans la bouche, sa texture, son gout, sa saveur, ….et tous les bienfaits qu'il procure… ). C'est donc primordial pour nos 2 cerveaux car cela peut entraîner des conséquences positives très fortes sur notre santé et sur notre bien-être.

Pour se sentir mieux, je conseille aussi de se projeter vers du positif car « nous créons ce que l'on pense ». Et donc, de revenir à une alimentation plus intuitive ».

Selon Isabelle Descamps, « si l'on regarde la DME, la Diversification Menée par l'Enfant, on observe que jusqu'à l'âge de 7 ans, si on pose plein d'aliments sur la table, l'enfant va être à l'écoute de ses besoins. A ce moment-là, la tête et le corps ne sont pas coupés. ».

Alors que Gilles Mithieux complète « nous avons tous un microbiote différent et nous n'avons pas besoin de tous manger la même chose. Il est donc primordial de s'écouter et de revenir au plaisir de manger. Les personnes qui grignotent, notamment à cause du stress, ne ressentent plus la faim. Elles se privent donc du plaisir que l'on a au début du repas. De plus, faire quelque chose en même temps que manger altère ce plaisir puisque le cerveau n'est pas capable de faire correctement 2 choses en même temps : il donne donc la priorité à l'une des deux choses ».

Conclusion

6 points clés à retenir

  • Cela a été mis en évidence : notre cerveau et notre intestin sont intrinsèquement liés, et communiquent entre eux de façon perpétuelle.
  • Les véritables liants entre nos 2 cerveaux sont le système nerveux pour la partie chimique (le nerf vague, les neurotransmetteurs…), et aussi l'alimentation, pour la partie rationnelle et émotionnelle.
  • Finalement, pour être bien dans sa tête et dans son corps, les experts se rejoignent sur l'importance d'une alimentation intuitive. C'est-à-dire : S'écouter, manger en conscience et redonner sa juste place au plaisir.
  • Mais aussi, sur l'importance d'avoir une alimentation variée, de qualité et qui respecte la matrice nutritionnelle de l'aliment pour diversifier et nourrir son microbiote.
  • Les fibres et les protéines jouent un rôle capital :
  • Pour la santé : la viande, au même titre que les végétaux, participe au bon équilibre nutritionnel. En effet, les microbiotes de l'intestin ont la capacité de transformer les protéines et les fibres en éléments positifs pour la santé, et cela va très vite : des études montrent qu'en 3/4h le microbiote peut changer positivement après avoir mangé un repas bon pour la santé.
  • Mais aussi sur le bien-être : des études l'affirment, les régimes riches en fibres et en protéines ont des effets antistress et anti-anxiété.
  • A la question « qui est le maître à bord », c'est probablement un peu les deux ! Du moins, c'est la synergie entre tout cet écosystème qui dirige notre l'alimentation et qui est lui-même dirigé par notre alimentation.

Sources : Mélanie LAVAYSSE - Nutrikeo